MÉTAMORPHIQUE (2021-2022)

Saint-Étienne a puisé dans son sous-sol les ressources qui lui ont donné prospérité, 500 millions de tonnes de charbon ont été extraites en 6 siècles. L’industrie minière a façonné le paysage de la ville, laissant en héritage de nombreux vestiges dont font partie les terrils, aussi appelés crassiers en parler stéphanois. Ces derniers sont des monticules formés par l’amassement de déchets de l’industrie minière : ils sont constitués de roches inexploitables, sorties de terre en même temps que le charbon.

Abandonnés depuis les années 70, les crassiers, lieux de stockage des déchets, ont aujourd’hui pris des allures de collines verdoyantes. La série Métamorphique explore ces nouveaux reliefs qui instaurent un rapport ambigu au sol, au temps et à l’espace. Dans son travail, Cendre met en place une collaboration avec les crassiers. Chaque image de la série a été altérée ou produite par cet environnement particulier. Cendre fait intervenir directement les crassiers sur des matériaux photosensibles  en enterrant la pellicule dans le terril ou en utilisant des échantillons de sol pour révéler des motifs et des couleurs.

L’écosystème des crassiers agit sur les supports pour révéler ce qui n’est pas visible – une chimie particulière, un milieu extrêmophile. Les images sont alors transformées par le sujet lui-même. Dans le sol des crassiers, Cendre cherche des signes, des messages, comme autant de fenêtres vers le monde d’après, dévoilant d’autres manières de voir le vivant. Les crassiers interrogent l’interconnexion entre l’humain et le non-humain, ce temps-espace pour vivre avec le trouble, sur une terre abîmée. Capturer ce milieu c’est capturer l’étrangeté d’un environnement qui n’existait pas avant le début de l’exploitation minière. Ces nouveaux paysages, autrefois regardés avec fierté, aujourd’hui laissés à l’abandon comme un lointain souvenir, devenus des collines presque comme les autres.

Métamorphique, adj : qui a été profondément modifié dans sa structure, se dit d’une roche, d’un terrain.

Actuellement diffusé sur The Darkroom Rumour

INSTALLATION VIDÉO

Les Ruines de ce rêve (2022)

Que reste-t-il quand tout le bois a été coupé, le charbon extrait, le pétrole puisé ?

Les terres autrefois convoitées sont simplement abandonnées. Pourtant, dans les ruines de l’industrie se développe un nouveau monde. Le non humain s’empare des vestiges et les transforme en quelque chose d’intriguant, d’effrayant, mais surtout, de fascinant.

Le film existe sur trois supports différents : le papier (160 planches A4 de 9 cyanotypes), le support numérique (fichier .mov) et en pellicule 16mm.

Planche 54/160, cyanotypes sur papier aquarelle 300g, 21x29,7 cm (2022)
Planche 104/160, cyanotypes sur papier aquarelle 300g, 21x29,7 cm (2022)
Ils brûlent, pellicule altérée dans de l'eau de pluie, du sol des terrils et des végétaux (2021)
Printemps - hiver - été, pellicules altérées dans de l’eau de pluie, du sol des terrils et des végétaux différents selon la saison (2021 et 2022)
Au sol, pellicule altérée, été (2022)
Mystères des crassiers, papier filtre et nitrate d’argent, chromatographies de sol des terrils (2021 et 2022). 33 x 33 cm, papier filtre, non fixé
Panorama enterré - maison, pellicule enterrée dans le terril (2022)
Les signes des terrils, anomalies 8, 7 et 5, détails de la pellicule enterrée (2022)
Panorama enterré - stade, pellicule enterrée dans le terril (2022)
Pellicule bleue, pellicule trempée dans de l’eau de pluie, du sol des terrils et un champignon trouvé sous un bouleau, non exposée (2022)
Message bleu I, détails de la pellicule trempée dans de l’eau de pluie, du sol des terrils et un champignon trouvé sous un bouleau, non exposée (2022)
Message jaune, pellicule trempée dans de l’eau de pluie, du sol des terrils et des cristaux (2022)
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